Cannabis et schizophrénie : quand la génétique s’en mêle

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Rédigé par Isabelle V. et publié le 4 mai 2017

Fumer du cannabis à l’adolescence multiplie par 3 le risque de développer une schizophrénie. 40 % des jeunes schizophrènes en consomment régulièrement. Les liens entre cette pratique et l’apparition d’une schizophrénie sont depuis longtemps suspectés. Cependant, les effets de cette drogue varient d’une personne à l’autre. Des chercheurs suspectent des prédispositions génétiques…

cannabis schizophrenie

Cannabis : du THC dans le cerveau

Fumer du cannabis provoque une sensation de bien-être et de détente recherchée par les utilisateurs. Cet effet est dû au THC ou delta-9-TétraHydroCannabinol contenu dans le produit. Ce THC va se lier avec les récepteurs cannabinoïdes de l’organisme. Ils sont de 2 types :

  • Les CB1 : présents surtout dans le cerveau. Ils sont impliqués dans le traitement de la mémoire et de la douleur, mais aussi de la coordination motrice ;
  • Les CB2 : présents au niveau du système immunitaire (système de défense de l’organisme dont la rate). Leur saturation par le cannabis est responsable d’un effet immunosuppresseur, favorisant infections et cancers.

A savoir ! Il ne faut cependant pas oublier que le cannabis fait partie de la classe des hallucinogènes. La possibilité de « Bad trip » est bien réelle, surtout si l’état psychologique du consommateur est défaillant. Ce « Bad trip » se manifeste par des délires et hallucinations, une anxiété généralisée. De plus, le cannabis est responsable d’un phénomène de dépendance dans environ 10 % des cas.

Cannabis et déclenchement de la schizophrénie

De nombreuses études se sont penchées sur les liens entre la consommation de marijuana et l’apparition de la maladie. Ce rôle de catalyseur n’existerait que pour des jeunes prédisposés à développer une schizophrénie.

Pour étayer leur intuition, des chercheurs ont utilisé des souris porteuses d’un gène les prédisposant à déclencher un trouble psychotique de type schizophrénique. Quatre lots de souris sont entrés dans l’étude :

  • Des souris mutées (prédisposées) exposées au THC ;
  • Des souris mutées non exposées au THC ;
  • Des souris non mutées exposées au THC ;
  • Des souris non mutées non exposées au THC.

Seules, les animaux mutés exposés au THC du cannabis manifestaient la maladie. Les souris non mutées, ou mutées mais non exposées au THC, ne développaient pas de troubles.

Les scientifiques ont ensuite examiné les cerveaux de ces souris. Il semblerait que les souris non mutées secrètent au niveau de l’hippocampe (partie du cerveau) un facteur protecteur contre les effets du TCH sur le déclenchement de la schizophrénie. Si on apporte cette substance aux souris mutées, elles deviennent protégées contre l’effet déclencheur de la drogue !

Les liens entre prédisposition génétique et consommation de cannabis dans le déclenchement de la schizophrénie se confirment et s’expliquent peu à peu. Les jeunes avec des antécédents (familiaux ou personnels) doivent éviter la consommation de cette drogue, alertent-les chercheurs.

Isabelle V., journaliste scientifique

– Schizophrénie : l’effet « catalyseur » du cannabis se confirme. Le généraliste – Roxane Curtet. Le 27 avril 2017.
– Schizophrénie et cannabis. info-schizophrenie. Le 2 avril 2017.
– Qu’appelle-t-on le THC ?. stop-cannabis.ch. Consulté le 4 mai 2017.

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