Schizophrénie : un héritage de l’enfance

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Rédigé par Charline D. et publié le 17 février 2017

Les hallucinations, les délires, les troubles de la pensée, l’agitation ou encore le repli sur soi-même sont les symptômes caractéristiques de la schizophrénie. Bien que ces manifestations apparaissent généralement à la fin de l’adolescence, tout se joue en réalité bien plus tôt. Le site spécialisé, Ma schizophrénie fait le point.

Traumatismes infantiles

L’origine exacte de la schizophrénie n’est pas connue. L’état actuel des connaissances permet seulement de dire que plusieurs facteurs sont impliqués.

Ainsi, la pathologie résulterait d’une interaction entre vulnérabilités génétiques et facteurs environnementaux.

Des évènements traumatisants vécus au début de la vie comme l’exposition maternelle à un toxique ou à un traumatisme, les complications périnatales et les traumatismes psychiques ou physiques vécus dans l’enfance ou l’adolescence peuvent, lorsqu’il existe un terrain prédisposant, être à l’origine de la schizophrénie.

Une équipe de chercheurs des universités de Liverpool (Royaume-Uni) et de Maastricht (Pays-Bas) s’est penchée sur l’analyse des résultats de plus de 30 années d’études (soit plus de 27 000 documents) concernant l’association des traumatismes infantiles et l’apparition de la psychose.

Ils ont pu dégager 3 grands types d’études ; celles portant sur les enfants ayant surmonté un traumatisme, celles ayant été conduites dans la population générale et enfin, un dernier type d’étude avec interrogatoire des patients schizophrènes sur leur passé.

Toutes ces études aboutissent à la même conclusion. Les enfants ayant vécu un traumatisme avant l’âge de 16 ans ont 3 fois plus de risque de développer un trouble psychotique à l’âge adulte.

De plus, ils ont pu mettre en évidence une relation entre le niveau de traumatisme et la probabilité d’apparition de la psychose. Ainsi, les enfants avec un traumatisme sévère auraient 50 fois plus de risque que ceux ayant subi un traumatisme moindre.

Une autre étude menée par les chercheurs de Liverpool montre que, selon les traumatismes, on n’observerait pas les mêmes symptômes. L’abus sexuel chez l’enfant, à titre d’exemple, a été plutôt associé à des hallucinations une fois adulte.

Tandis que les enfants élevés en foyer seraient plus sensibles à la paranoïa. Ces constatations suggèrent une relation forte entre l’environnement et le développement de la maladie.

La recherche continue

Maintenant que nous connaissons l’importance de l’environnement dans la psychose, il parait alors évident d’inclure dans la prise en charge médicale, un questionnement des patients sur leur vécu. Cependant, on ne connaît pas encore totalement tous les phénomènes neurologiques impliqués.

De nombreuses questions restent encore à élucider, à savoir : comment les traumatismes infantiles peuvent affecter notre cerveau ? Existe-t-il des facteurs génétiques capables d’augmenter la vulnérabilité aux évènements traumatiques ?

D’autres études ont mis en évidence que les traumatismes ou les facteurs de stress précoces sont associés à des anomalies cérébrales très proches de celles que l’on observe chez les schizophrènes. Les auteurs précisent que les différents traumatismes infantiles pourraient avoir des conséquences distinctes sur le développement cérébral des personnes vulnérables.

Les auteurs ont réalisé une étude chez 21 schizophrènes (comparés avec 30 témoins) visant à explorer le lien entre types de traumatismes, morphologie cérébrale et symptomatologie. Les résultats confirment non seulement que les patients psychotiques ont subi plus de traumatismes dans leur enfance que les témoins, mais aussi que le volume de leur substance grise varierait avec leur vécu.

A savoir ! La substance grise, située dans la moelle épinière et dans l’encéphale, fait partie du système nerveux central. Elle assure la réception des messages nerveux, l’analyse de l’information ainsi que l’élaboration des réponses. Sa dégénérescence est à l’origine de démences (comme la maladie d’Alzheimer).

Les chercheurs de Liverpool, quant à eux, poursuivent leurs recherches. Ils s’attaquent maintenant à l’étude des processus psychologiques et cérébraux impliqués dans le lien entre le type de traumatisme et les symptômes psychotiques.

Ils ont également pour projet de comprendre pourquoi les symptômes de la psychose ne s’expriment que plus tard dans la vie. De quoi laisser espérer de belles promesses pour l’avenir de la prise en charge de la schizophrénie.

Charline D., Pharmacienne


Sources :
Childhood trauma linked to schizophrenia. Sciencedaily. Mis à jour le 19 Avril 2012.
NIH (National Institute of Mental Health). Schizophrenia.Consulté le 16 février 2017.
Traumatismes infantiles, morphologie cérébrale et schizophrénie : quels liens ? European Psychiatry. Volume 30. Issue 8. Supplement. Publié en novembre 2015.

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