Aspects étiopathogéniques


La mère du schizophrène L’idée du délire protecteur La théorie systémique La théorie psychanalytique La théorie dopaminergique

La mère du schizophrène

Comment comprendre aujourd’hui ce courant qui, au début des années 70, avait placé la mère du schizophrène au rang de facteur étiologique de la maladie ? Ceci a pesé lourd pour certaines familles mais aussi pour la qualité de la coopération entre familles et psychiatres !

L’idée reposait sur le constat d’attitudes déroutantes de la part de mère de patients : plus attentives à l’accessoire qu’à l’essentiel, paradoxales dans leurs réponses aux symptômes idéiques ou comportementaux, hyperprotectrices donc supposées incapables de laisser le malade accéder à une autonomie… Déroutantes ou déroutées par le trouble et ses prémisses souvent faits de discrète inadaptation du futur malade ?

On est aujourd’hui bien loin d’une telle conception sans pour autant méconnaître ce qui dans l’attitude de l’entourage peut apparaître potentiellement néfaste pour une évolution favorable des symptômes. Et sans ignorer aussi que certains parents peuvent eux-mêmes être porteurs de signes d’inadaptation à l’environnement, ce qui peut faire poser la question d’une vulnérabilité ainsi révélée sans que celle-ci ait évolué jusqu’à la maladie.

La mère du schizophrène

Une sottise : l’idée du délire protecteur

Combien de soignants ont soutenu l’idée que le délire permet d’exprimer les capacités du patient au plan imaginatif, émotionnel, affectif ?!

De là à penser que le délire doit être respecté pour éviter un état de désorganisation plus sévère encore il n’y a pour certains qu’un petit pas facile à franchir. Et pourtant : il n’est pas de délire heureux, même si après de longues années certains patients ont ainsi constitué une sorte de seconde nature sans laquelle ils ne paraissent plus avoir envie d’apprendre à vivre.
En un mot, sauf en période avancée c’est-à-dire après des années de vécu délirant, tout délire est symptôme de souffrance et appelle une thérapeutique.

Une sottise : l'idée d'un délire protecteur

Le rôle de l’environnement familial (théorie systémique)

L’environnement peut rendre fou : c’est une idée que l’on est prêt à accepter.

Deux faits à retenir :

  • les familles à forte expression émotionnelle peuvent être, à leur insu, une source de difficulté pour le patient : en effet, il est montré que plus l’expression émotionnelle est élevée au sein de la famille, plus le risque de rechute schizophrénique est grand ;
  • des attitudes pathogènes peuvent se mettre en place au sein d’une famille telles qu’une impossibilité de dialogue et d’analyse clairvoyante des situations, une suspicion permanente…

Il ne s’agit plus aujourd’hui d’avancer que le malade atteint de schizophrénie n’est que le symptôme du groupe qui ne sait exprimer autrement sa profonde souffrance. Il s’agit simplement de prendre en considération les aspects du système familial pouvant faciliter l’émergence des symptômes tels que angoisse, autisme* ou agitation.

* Autisme : repli sur soi se traduisant par une perte des interactions émotionnelles, affectives et intellectuelles avec l’environnement.

Le rôle de l’environnement familial dans la schizophrénie

L’histoire personnelle du patient (théorie psychanalytique)

Divers aspects psychopathologiques doivent éventuellement être décelés : déni de la réalité (pouvant aboutir au délire), désinvestissement vis-à-vis du monde extérieur (pouvant aboutir à l’autisme*), projection de ses propres pulsions sur l’environnement (d’où peut naître un sentiment d’hostilité de l’environnement)…

Toute manifestation psychologique, normale ou pathologique (délire, hallucination), peut s’interpréter à partir de l’histoire personnelle et familiale du sujet. Ce mode de compréhension n’a d’intérêt pour le patient que s’il peut influencer la stratégie thérapeutique. Le patient pourra accéder à cette compréhension en suivant une psychothérapie individuelle ou une psychothérapie de groupe (groupes de parole, psychodrame analytique).

* Autisme : repli sur soi se traduisant par une perte des interactions émotionnelles, affectives ou intellectuelles avec l’environnement.

L'histoire personnelle du patient schizophrène

Chimie du cerveau (théorie dopaminergique)

Jusqu’à ce jour, tous les médicaments ayant montré une efficacité sur les symptômes schizophréniques ont en commun de bloquer la transmission entre les neurones passant par un neuromédiateur* appelé dopamine. De là est née la théorie dopaminergique tentant d’expliquer les symptômes schizophréniques par un hyper- ou hypo-fonctionnement dopaminergique.

Divers arguments soutiennent cette théorie :

  • les médicaments ne sont efficaces qu’à partir d’un niveau de blocage des récepteurs dopaminergiques supérieur à 70 % ;
  • l’imagerie a montré que, chez une personne schizophrène, les zones cérébrales antérieures sont hypofonctionnelles**.

Il est aujourd’hui de plus en plus évident qu’il ne s’agit pas uniquement de dysfonctionnements dopaminergiques mais aussi d’autres composés chimiques (neuroamines ou peptides cérébraux : sérotonine, glutamate…).

* Neuromédiateur : substance chimique assurant le passage de l’influx nerveux entre deux neurones au travers de la fente synaptique ; les plus connus sont la dopamine, la sérotonine, la noradrénaline.
** Hypofonctionnel : dont l’état de fonctionnement est inférieur à la normale.

Cerveau schizophrénique : dysfonctionnements dopaminergiques et d'autres composés chimiques