Attention à l’hypothyroïdie avec les traitements de la schizophrénie et de la bipolarité ?!

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Rédigé par Estelle B. et publié le 21 mai 2018

Parmi les causes d’hypothyroïdie, les origines médicamenteuses occupent une place importante et peuvent représenter jusqu’à 50 % des cas. Selon une récente étude norvégienne présentée lors du dernier congrès de la Schizophrenia International Research Society, les patients atteints de schizophrénie ou de troubles bipolaires seraient particulièrement exposés à ce trouble de la fonction thyroïdienne, notamment en raison de leurs médicaments antipsychotiques.

hypothyroïdie

Hypothyroïdie et causes médicamenteuses

L’hypothyroïdie est avec l’hyperthyroïdie un trouble de la fonction thyroïdienne, qui se caractérise par des taux anormaux d’hormones thyroïdiennes dans le sang. L’hypothyroïdie peut être à l’origine d’un grand nombre de symptômes, qui impactent plus ou moins fortement la vie quotidienne, mais ces signes cliniques ne sont généralement pas spécifiques d’une pathologie thyroïdienne.

Pour ces raisons, le diagnostic du trouble hormonal peut être difficile et long, ce qui accroît le risque de complications. En effet, si l’hypothyroïdie n’est pas détectée et prise en charge, le patient est exposé à plusieurs risques de complications, notamment :

  • Une atteinte cardiovasculaire, avec des troubles du rythme cardiaque, de l’angor ou une insuffisance cardiaque ;
  • Le développement de troubles dépressifs ;
  • Un coma myxœdémateux, grave mais qui reste exceptionnel.

L’hypothyroïdie est souvent associée à une origine auto-immune, mais elle peut aussi être liée à des traitements médicamenteux divers.

Troubles mentaux et perturbations des hormones thyroïdiennes

Des études scientifiques préalables avaient mis en évidence un lien entre certains troubles psychiatriques et l’apparition d’un trouble de la fonction thyroïdienne. Comment expliquer un tel lien ? Si l’hypothèse des traitements médicamenteux avait été soulevée, elle n’avait pas été étudiée.

Pour explorer cette hypothèse, des chercheurs norvégiens ont étudié les données de 1 345 patients atteints de schizophrénie ou de troubles bipolaires et les ont comparées avec celles de 989 personnes sans troubles psychiatriques. Un bilan de santé et des dosages des hormones thyroïdiennes (T4 et TSH) ont été effectués sur l’ensemble des participants de l’étude, âgés de 18 à 65 ans.

À savoir ! La TSH est la thyréostimuline ou thyréotrophine. Cette hormone est sécrétée par l’hypophyse dans le but de stimuler la sécrétion d’hormones au niveau de la glande thyroïde. La T4 (thyroxine) est avec la T3 (tri-iodothyronine) l’une des hormones sécrétées par la glande thyroïde et agit sur différents tissus et organes du corps.

Les résultats de cette étude ont montré que les patients atteints de troubles psychiatriques présentaient un taux de TSH plus élevé, mais un taux de T4 plus faible que les patients en bonne santé.

Les médicaments antipsychotiques en cause dans l’hypothyroïdie

Au final, une hypothyroïdie a pu être détectée chez près d’un patient sur 10 atteints de troubles psychiatriques, une fréquence 3 fois plus élevée que chez les personnes en bonne santé. De même, l’hyperthyroïdie s’est révélée deux fois plus fréquente chez les personnes schizophrènes ou bipolaires.

En examinant en détail les médicaments pris par les personnes atteintes de troubles psychiatriques, les chercheurs ont pu mettre en évidence une corrélation entre les médicaments antipsychotiques et le développement d’une hypothyroïdie. Le risque d’hypothyroïdie était plus important avec la quetiapine et l’olanzapine qu’avec l’aripiprazole ou le rispéridone.

Les auteurs de cette étude concluent que ces résultats doivent inciter les médecins prescripteurs à prendre davantage en compte les effets secondaires des médicaments antipsychotiques sur le métabolisme, notamment de la thyroïde. Dans le cadre de la prise en charge globale des patients atteints de schizophrénie ou de troubles bipolaires, une surveillance de la fonction thyroïdienne semble nécessaire pour limiter les conséquences à court et long terme d’une éventuelle hypothyroïdie.

Estelle B. / Docteur en Pharmacie

– Antipsychotic drug use and thyroid function in patients with severe mental disorders. Iversen, T. and al. 2018. Schizophrenia International Research Society (SIRS) 2018 Biennial Meeting. Poster T229. Florence, Italie.