La schizophrénie limiterait l’accès au dépistage du cancer du sein

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Rédigé par Estelle B. et publié le 7 février 2020

Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez les femmes en France et cause chaque année plus de 10 000 décès. Une stratégie de dépistage a été développée pour les femmes à risque de développer un cancer du sein et pour les femmes entre 50 et 74 ans. Les femmes atteintes de schizophrénie bénéficient-elles autant que le reste de la population féminine de ces modalités de dépistage ? Une récente étude semble suggérer le contraire.

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Le dépistage du cancer du sein en France

Le cancer du sein est la première cause de mortalité par cancer chez les femmes en France. Pour détecter au plus tôt les tumeurs et mieux prendre en charge les femmes, une stratégie de dépistage a été développée en France depuis plusieurs années, en fonction de l’âge et du niveau de risque :

  • Une palpation des seins par un professionnel de santé tous les ans à partir de l’âge de 25 ans ;
  • Une mammographie tous les deux ans entre 50 et 74 ans, complétée si besoin par une échographie ;
  • Des modalités renforcées chez les femmes présentant un risque élevé de développer un cancer du sein.

Cette stratégie de dépistage est proposée à l’ensemble de la population féminine. Mais certaines catégories de femmes y ont elles moins accès que d’autres ? Une récente étude s’est penchée sur le cas des femmes atteintes de schizophrénie.

Deux fois moins de mammographie chez les femmes schizophrènes

Pour étudier cette question, des chercheurs américains ont compilé dans une méta-analyse les données de 11 études ayant porté sur 25 447 femmes. Malgré l’hétérogénéité importante des études prises en compte, les résultats révèlent que les femmes atteintes de schizophrénie ont en moyenne une probabilité divisée par deux de se voir proposer une mammographie de dépistage, par rapport aux femmes non atteintes de schizophrénie.

Cette conclusion était retrouvée aussi bien dans les études de faible qualité que dans les études de haute qualité. Evidemment, ce résultat n’est pas généralisable à l’ensemble des pays développés, la majorité des études ayant été effectuées aux USA.

Proposer le dépistage du cancer du sein aux femmes schizophrènes

Les résultats de cette méta-analyse pourraient expliquer pourquoi les femmes atteintes de schizophrénie sont généralement diagnostiquées à un stade plus avancé du cancer du sein que le reste de la population féminine. Pourtant, ces femmes bénéficient d’un suivi médical régulier pour la prise en charge de leurs troubles psychiques.

Une telle conclusion doit amener les professionnels de santé prenant en charge des patients schizophrènes à être plus vigilants sur le dépistage du cancer du sein chez les femmes atteintes de schizophrénie. Cette vigilance et un meilleur accès au dépistage sont essentiels pour une détection précoce des tumeurs et donc pour un pronostic plus favorable pour les femmes concernées.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

– Breast Cancer Screening in Women With Schizophrenia: A Systematic Review and Meta-Analysis. NCBI. Consulté le 29 janvier 2020.