Schizophrénie, un marqueur retrouvé dans les cheveux

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Rédigé par Estelle B. et publié le 3 décembre 2019

En France, 600 000 personnes sont atteintes de schizophrénie. Les causes et les symptômes de cette maladie sont multiples et variables d’un patient à l’autre. Plusieurs équipes de recherche dans le monde s’intéressent à l’effet des facteurs environnementaux sur cette maladie psychiatrique. Des chercheurs japonais viennent par exemple d’identifier un marqueur intéressant dans les cheveux des patients. Explications.

A la recherche d’un marqueur diagnostique de la schizophrénie

La schizophrénie, par l’hétérogénéité de ses manifestations, reste une pathologie mentale difficile à diagnostiquer. Pour établir un diagnostic sûr et efficace, les médecins ont besoin de s’appuyer sur des marqueurs spécifiques, fiables et objectifs.

Actuellement, l’influence de différents facteurs environnementaux dans le développement de la schizophrénie fait l’objet de plusieurs études scientifiques. De plus, les chercheurs espèrent découvrir un marqueur capable de diagnostiquer la maladie.

Récemment, des chercheurs japonais ont travaillé sur des modèles animaux (des souris) et des cerveaux humains post-mortem. Ils se sont particulièrement intéressés à l’analyse chimique des cheveux.

 

Du réflexe de pré-impulsion au sulfure d’hydrogène

Le point de départ des chercheurs, un test diagnostic connu de la schizophrénie, le réflexe de pré-impulsion. Chez les personnes en bonne santé, la pré-impulsion atténue la réaction de surprise, lorsque le cerveau est soumis à un bruit brutal. Chez les personnes schizophrènes, ce réflexe est atténué, avec une réaction de surprise non amoindrie.

Les chercheurs ont d’abord travaillé sur deux groupes de souris :

  • Des souris avec un faible réflexe de pré-impulsion ;
  • Des souris avec un réflexe de pré-impulsion élevé.

Ils ont mis en évidence que les souris à réflexe faible présentaient un niveau élevé d’une enzyme particulière, capable de produire du sulfure d’hydrogène, en modifiant l’ADN. Ce sulfure d’hydrogène se dépose ensuite sous forme de dépôts de sulfure dans le cerveau. Lorsque les chercheurs ont inhibé l’enzyme, les souris ont retrouvé un réflexe de pré-impulsion normal, mais aussi un comportement normal.

 

De nouvelles approches thérapeutiques

Suite aux découvertes sur les souris, les chercheurs ont examiné le cerveau post-mortem de patients schizophrènes. Ils ont observé que le niveau de l’enzyme était corrélé avec la gravité des troubles mentaux.

Pour l’instant, les chercheurs n’ont pas réussi à déterminer le rôle précis du sulfure d’hydrogène dans le développement de la schizophrénie. De même, ils s’interrogent sur l’influence possible de certains facteurs environnementaux sur le niveau d’expression de l’enzyme. Mieux comprendre le rôle du sulfure d’hydrogène pourrait également permettre aux chercheurs de développer de nouvelles approches médicamenteuses contre la schizophrénie.

En analysant les follicules pileux de plus de 150 patients, ils ont confirmé que, comme chez la souris, l’enzyme productrice de sulfure d’hydrogène, est exprimée différemment chez les personnes en bonne santé et chez les patients schizophrènes. Le taux de cette enzyme pourrait donc constituer un marqueur fiable de la schizophrénie, même si sa spécificité n’est pas de 100 %. Et pour doser cette enzyme, une simple mèche de cheveux suffit !

Estelle B., Docteur en Pharmacie

– Excess hydrogen sulfide and polysulfides production underlies a schizophrenia pathophysiology. Masayuki, Ide and al. 2019. EMBO Mol Med e10695. Consulté le 2 décembre 2019.