La clinophilie, entre dépression et schizophrénie

Actualités Actualités patients

Rédigé par Estelle B. et publié le 28 juillet 2020

L’obsession de rester couché dans son lit, ce que les spécialistes appellent la clinophilie ou la clinomanie, pourrait constituer un symptôme annonciateur de troubles mentaux plus graves, comme la dépression ou la schizophrénie. Santé Sur le Net revient sur ce symptôme pour le moins étrange et souvent mal compris du grand public.

Dame couchée dans son lit

La clinophilie ou l’envie obsessionnelle de rester couché

Dans les symptômes annonciateurs de troubles mentaux comme la dépression ou la schizophrénie, les spécialistes retrouvent assez fréquemment la clinophilie ou l’envie de rester couché une bonne partie de la journée.

La clinophilie est un trouble psychiatrique, caractérisé par un refus de se lever. Le patient préfère au contraire rester couché en permanence. Le besoin de rester couché devient une véritable addiction, les patients pouvant rester couchés pendant plusieurs jours de suite, sans jamais se lever. La clinophilie n’est pas associée à un besoin de sommeil, le patient reste couché juste parce qu’il ressent dans son lit un sentiment de bien-être et de sécurité.

Des conséquences physiques et psychiatriques

Associée généralement par l’entourage à de la paresse, la clinophilie est un symptôme qui doit alerter les proches, car il peut annoncer des pathologies mentales plus graves, en particulier lorsqu’elle concerne des adolescents ou de jeunes adultes. De plus, la clinophilie peut avoir à terme des conséquences physiques :

  • Une fatigue chronique ;
  • Une constipation sévère, voire un fécalome (accumulation de selles au niveau du rectum) ;
  • La formation d’escarres et d’ulcères ;
  • Une perte de masse musculaire.

La clinophilie peut toucher toutes les catégories de personnes, même si deux populations présentent une incidence accrue :

  • Les femmes entre 20 et 40 ans, à la suite de changements hormonaux ;
  • Les personnes âgées.

Un symptôme annonciateur de schizophrénie

Dans la schizophrénie, la clinophilie ne constitue pas la seule perturbation des rythmes circadiens (rythmes jour-nuit). D’autres altérations peuvent être observées, associées ou non à la clinophilie :

  • La réduction de la durée quotidienne de sommeil ;
  • La fragmentation du sommeil ;
  • Des problèmes d’endormissement ;
  • Des réveils fréquents ;
  • Une inversion du rythme nycthéméral.

La clinophilie n’est donc pas à prendre à la légère, surtout chez les jeunes. Elle doit faire l’objet d’une attention vigilante des proches et des professionnels de santé, pour détecter précocement le développement d’une pathologie mentale. Lorsqu’elle est isolée, sans autre symptôme, il n’existe aucun traitement spécifique.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

– Référentiel de psychiatrie. Collège National des Universitaires en Psychiatrie. Association pour l’enseignement de la sémiologie psychiatrique. Schizophrénie et rythmes circadiens. Vanelle, J.M. 2009. L’Encéphale Supplément 2 : S80-S83. Consulté le 22 juillet 2020.