Schizophrénie, quand l’environnement influence la génétique

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Rédigé par Estelle B. et publié le 20 mars 2020

Environ 500 000 personnes en France sont atteintes de schizophrénie, une pathologie mentale dont les mécanismes restent encore mal compris à ce jour. Récemment, des chercheurs ont utilisé les capacités de l’intelligence artificielle (IA) pour évaluer l’influence de l’épigénétique sur les facteurs environnementaux et génétiques impliqués dans le développement de la schizophrénie. Explications.

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Schizophrénie et épigénétique

Si les causes exactes de la schizophrénie ne sont pas clairement connues, cette maladie mentale semble résulter d’interactions entre des facteurs génétiques et des facteurs environnementaux. Au niveau du génome, des modifications chimiques de l’ADN de certains gènes (en particulier la méthylation des gènes) pourrait expliquer ces interactions liées au phénomène de l’épigénétique.

L’épigénétique étudie la nature des mécanismes modifiant de manière réversible, transmissible et adaptative l’expression des gènes, sans modifier les séquences de l’ADN. Plus simplement, l’épigénétique s’intéresse à l’influence de l’environnement sur l’expression des gènes. A titre d’exemple, l’épigénétique est capable d’expliquer pourquoi certains animaux changent de couleur de pelage en fonction des saisons. La méthylation des gènes est l’un des principaux mécanismes connus de l’épigénétique.

Un score de polyméthylation associé à la schizophrénie

En ce qui concerne la schizophrénie, la méthylation de certains gènes a pu, dans certaines études, être associée aux fonctions cognitives. De plus, l’intelligence artificielle a permis d’identifier un score de polyméthylation lié à la schizophrénie, déterminé à partir de simples échantillons sanguins. Cependant, la validité de ce score pour distinguer des sujets en bonne santé et des patients schizophrènes restait à confirmer.

Dans une nouvelle étude cas-témoin, des chercheurs allemands, britanniques, américains et australiens ont analysé le score de polyméthylation de 7 488 adultes. Parmi eux, 3 158 étaient diagnostiqués pour une schizophrénie, tandis que les autres participants étaient :

  • Des sujets en bonne santé ;
  • Des sujets atteints d’autres troubles psychiatriques (troubles bipolaires, dépression ou autisme) ;
  • Des parents au premier degré de patients schizophrènes.

Les résultats de l’étude ont montré que le score de polyméthylation constituait un reflet de la méthylation des gènes retrouvée post-mortem au niveau cérébral.

Un nouveau marqueur pour améliorer le suivi des patients schizophrènes

Par ailleurs, les données ont montré une bonne association entre le score de polyméthylation et l’altération de la connectivité liée à la schizophrénie, caractéristique des stades intermédiaires de la maladie. A l’inverse, aucune association n’a été mise en évidence entre le score de polyméthylation et les autres troubles psychiatriques étudiés.

L’analyse des scores de polyméthylation, obtenus à partir d’échantillons sanguins, a permis dans cette étude de distinguer les sujets schizophrènes des sujets sains ou atteints d’autres troubles psychiatriques. Ce score représente une sorte de signature épigénétique, reflétant à la fois les facteurs génétiques et environnementaux de la schizophrénie. Un tel marqueur pourrait être utilisé en pratique clinique pour identifier les stades de la maladie mentale, et ainsi adapter au mieux la prise en charge au cas de chaque patient.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

– Association of a Reproducible Epigenetic Risk Profile for Schizophrenia With Brain Methylation and Function. NCBBI. Consulté le 5 mars 2020.